Biographie
Une silhouette frêle, des mains crispées, vêtue d'une petite robe noire et arborant une croix en pendentif... voici Édith Piaf, une chanteuse à la voix inimitable, jamais égalée.
Sa vie a été parsemée de bonheurs éphémères et de peines immenses. Que ce soit dans un amour passionné ou inflexible, ses émotions ont nourri des chansons devenues emblématiques telles que "La vie en rose", "Milord", "Hymne à l'amour", "La foule", "Mon manège à moi" ou encore "Non, je ne regrette rien".
Fille d'un acrobate des rues et d'une chanteuse lyrique, Édith Piaf voit le jour au cours de la Grande Guerre, mais ses parents semblent peu préoccupés par cette naissance tumultueuse.
Artiste de rue
Ainsi, Édith Piaf passe ses premières années auprès de sa grand-mère maternelle kabyle, puis chez sa grand-mère paternelle en Normandie. Son père l'emmène finalement avec lui lors de ses tournées sauvages, et très tôt, sa voix exceptionnelle émerge de son corps frêle.
En 1930, Édith Piaf décide de tracer sa propre voie.
La naissance de "La Môme Piaf"
Elle se produit dans un grand cabaret chic et devient "La Môme Piaf"... La légende est en marche. Son enregistrement de "Les mômes de la cloche" en 1936 devient un énorme succès, démontrant le charisme de cette jeune fille exceptionnelle même à l'époque où la puissance du disque était bien moins spectaculaire qu'aujourd'hui.
Très tôt, Édith Piaf maîtrise l'art de gérer son image et impose cette aura de tragédienne en interprétant des chansons telles que "Mon légionnaire", écrite par son nouvel impresario, lui-même ancien légionnaire. Marguerite Monnot compose la musique et restera fidèle à la chanteuse pendant des années. L'année suivante, la chanteuse s'impose définitivement.
Les grands dans son sillage
Elle se lie d'amitié avec Jean Cocteau, qui décède ironiquement le même jour qu'elle. Elle révèle son talent d'actrice avec la pièce "Le bel indifférent", qu'elle interprète avec son compagnon de l'époque, Paul Meurisse.
En 1944, Édith Piaf, avec une certaine réserve, accepte qu'un jeune du Sud à l'accent traînant fasse sa première partie au Moulin Rouge. Elle revient rapidement à de meilleurs sentiments et tombe amoureuse du bel Yves Montand, à qui elle enseigne toutes les subtilités du métier. Durant leur idylle, elle écrit seule "La vie en rose", devenu un tube immortel. Près d'une centaine de chansons sont à mettre à son crédit. Imprévisible, elle rompt avec le jeune homme en 1946.
Les Compagnons de la Chanson
Cette année-là, elle lance Les Compagnons de la Chanson avec qui elle enregistre "Les trois cloches". Par la suite, elle conquiert New York, initialement prévu pour une semaine, son tour de chant reste à l'affiche pendant quatre mois ! Dès lors, Édith Piaf reviendra régulièrement aux États-Unis. Pendant cette période, elle se lie d'amitié avec Marlène Dietrich et tombe éperdument amoureuse du boxeur Marcel Cerdan. En hommage à ce coup de foudre, elle écrit le bouleversant "Hymne à l'amour". Elle ne se remettra jamais de la disparition du boxeur dans un accident d'avion.
L'exigence de l'amour
En 1950, Charles Aznavour devient son secrétaire. Il lui propose des titres comme "Plus bleu que tes yeux", qu'elle intègre à son répertoire. Pour quelques mois, elle s'aventure dans l'opérette avec "La p'tite Lili", histoire de lancer son nouveau protégé, Eddie Constantine.
Édith Piaf amorce alors une lente descente. Plusieurs accidents de voiture la fragilisent, et elle commence à consommer régulièrement des stupéfiants. Son mariage avec Jacques Pills, grande vedette de l'époque, la soulage quelque temps. À l'orée de la quarantaine, la chanteuse enregistre frénétiquement et se noie dans le travail. En 1956, "L'homme à la moto" et "Les amants d'un jour" sont repris à l'Olympia. Cette salle verra également la création de tubes tels que "La Foule" et "Mon manège à moi" en 1958. Le tout jeune Georges Moustaki, qui partagera sa vie, lui écrit "Milord".
"Non, je ne regrette rien"
En 1960, Charles Dumont lui offre un titre emblématique, "Non, je ne regrette rien". C'est avec cette chanson qu'elle sauve l'Olympia de la ruine en 1961. Seul l'amour de la scène et du public semblent la maintenir en vie. Sur la Tour Eiffel, elle chante devant tout Paris recueilli à ses pieds la chanson du film "Le jour le plus long". Avec son dernier amant, le Grec Sarapo, elle chante "A quoi ça sert l'amour ?" avant de s'effondrer et d'entrer dans un long coma en octobre 1963. Elle s'éteint le 11 octobre 1963, le même jour que son ami Jean Cocteau.
Ayant su transcender la chanson, Édith Piaf reste présente aujourd'hui encore. En 1996, le spectacle "Piaf je t'aime" connaît un vif succès. De Louis Armstrong à Marlène Dietrich et de Liza Minnelli à Serge Gainsbourg et Johnny Hallyday, ses titres sont régulièrement repris. En 1997 notamment, Charles Aznavour s'offre un duo virtuel avec la chanteuse, "Plus bleu que le bleu de tes yeux".